
Texte par : RFI
Reporté à deux reprises, le procès des meurtriers présumés de Nizar Banat devrait enfin débuter ce lundi 27 septembre. Fin juin, ce militant palestinien a été battu à mort par des membres des forces de sécurité palestiniennes. Son meurtre avait provoqué une vague d’indignation. RFI a rencontré la veuve de Nizar Banat, chez elle à Hébron. Publicité
Avec notre envoyé spécial à Hébron, Sami Boukhelifa
À l’entrée du quartier, des banderoles rendent hommage au militant tué fin juin. Taguée sur un mur, une inscription annonce : « Château fort du martyr Nizar Banat ». Et pourtant, derrière la porte, c’est dans un minuscule appartement que vivent ses cinq enfants et sa veuve, Jihane.
« Je n’attends rien de ce procès, assure-t-elle. Les autorités savent qui l’a tué, et qui a donné l’ordre de l’éliminer. Si elles voulaient vraiment agir, les autorités auraient pris les mesures nécessaires dès le jour de son assassinat. Et là, elles ne font que procrastiner et reporter l’audience. Ce sont ceux qui l’ont tué qui font mine de vouloir lui rendre justice ».
Intellectuel, passionné d’histoire et de politique, Nizar Banat défendait la liberté d’expression. Ses prises de positions contre de hauts responsables palestiniens, qu’il accusait de malversations, lui ont valu plusieurs menaces de mort et ont fini par lui coûter la vie, raconte Jihane.
« Deux mois avant sa mort, ils sont venus tirer à balles réelles sur notre maison, raconte la veuve. Nizar, lui, n’a jamais pris les armes. C’est quelqu’un d’intègre qui luttait pacifiquement contre la corruption qui gangrène l’Autorité palestinienne. Ces 14 membres des forces de sécurité qui sont accusés de l’avoir tué, ne sont que des exécutants. Mais il y a des hauts responsables : un gouverneur, un magistrat, qui eux ont appelé publiquement sur les réseaux sociaux à son élimination. »
Comme Jihane, beaucoup de Palestiniens souhaitent voir ces hauts responsables traduits en justice. Ce lundi, ils prévoient de manifester devant le tribunal, où débute le procès de l’affaire Nizar Banat. Des manifestations inédites contre l’Autorité palestinienne avaient déjà été organisées en Cisjordanie dans les jours qui ont suivi la mort de Nizar Banat pour soutenir son engagement et sa lutte contre la corruption et les malversations des responsables au pouvoir et demander le départ de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne.